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Doucement, doucement, près de la cheminée..  

Doucement , doucement , près de la cheminée ,

J'ai dans sa folle flamme emprisonné mon coeur

Mais n'ai pu ramasser au bout de la journée

De quoi me faire au soir de la longue veillée

Un pâle collier de bonheur .

 

J'ai glâné dans les coins , j'ai cherché sous les heures .

Je voulais en avoir , même n'en trouvant pas

Et chaque fois , déçue , repoussant chaque leurre

J'ai refermé bien clos le seuil de ma demeure

Pour qu'un démon n'y rentre pas .

 

Un démon qui viendrait ternir les anciens gestes ,

Eteindre à tout jamais les braisons réchauffants

Dont la flamme n'est plus , mais dont la chaleur reste

Comme l'air parfumé d'une colline agreste

Quand vient de finir le printemps .

 

Il pleut ! des arbres nus bercent des songes vides

Les volets se sont clos sur les tristes maisons

Qui grelottent de froid , sous l'écran de leurs rides

Devant le grand désert des ruelles sordides

Où ne chantent plus les garçons .

 

Toutes perdues , hélas , dans leur propre misère

Et protégeant du vent leur balcon édenté

Enfouissant leur nez dans leur fichu de pierre

Elles ont presque l'air de très vieilles grand mères

Sous leur bonnet de tuiles roses tuyauté .

 

Triste la pluie est là , sur la vitre qui pleure

De grosses larmes d'eau que les nuages font .

Moi , je regarde au loin les petites maisons

Et j'écoute en mon coeur l'écoulement des heures .