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Cet article ne commence pas au début du récit (pour le moment) pour différentes raisons et est complété petit à petit ..

Juillet,   - Ce matin,  nous sommes partis en retard.  A 8h seulement, nos porteurs arrivaient.  Prévenu depuis la veille qu'il avait des porteurs à fournir le  chef du village  voisin n'en  avait  tenu aucun compte.  Le  Sénégalais chef de poste,  furieux, l'amène avec  ses porteurs et le  colle  à la barre.  Très énergique,   ce garde-pavillon et  il a fort bien fait;  ce ressard de chef n'a pas volé ses quelques jours de barre  (grosses poutre en bois percée  de trous où les noirs fourrent  les pieds jusqu'à là cheville, ils n'en sortent pas facilement).  Ce  sale nègre nous a donc obligés à nous mettre en route avec la forte  chaleur. Toujours même  chemin dans la brousse et quelques marigots. Je les traverse  sur le dos d'un porteur. Léger repas froid vers 11 heures. Arrivée à TANGORC vers 2h,   trempés  jusqu'aux os,  la pluie nous a rafraîchis  pendant deux heures. Nous tombons dans une mauvaise case et vivement nos boys font du feu. Je me  change de tête en cap. J'ai  éprouvé des frissons ce soir.   Sentant  venir la fièvre, j'ai avalé aussitôt  50cg de  quinine.  J'ai   coupé  l'accès,  mais je mange peu ce soir.  Je bois du thé et me  couche.
La pluie de la veille reçue sur le dos pendant  1'étape m'avait bien sorti de mon assiette !   J'ai  eu de  la fièvre  cette nuit.  Avant  de partir  ce matin j'ai  pris 25 cg  de  quinine  et ma foi, la marche a chassé  tout  cela.  J'ai   bien  fait  plus de la moitié de l'étape en "tipoÿe";  il y avait 32h aujourd'hui. Mais j'étais stimulé car le gîte est bon.  Ce  soir, nous sommes arrivés à KREBEDJE où sont 3 Français :  L'administrateur,  M. GABORIAU, l'inspecteur de milice  M. CUSSON et le Commis  des Affaires  indigènes M. de THURY

A signaler aujourd'hui  avec  la piste  parcourue  toujours dans le même état, un marigot  infect de  plus de  600m à traverser.Rien de  gai ces  étapes ; il faut marcher l'un derrière l'autre. On ne peut même  pas bavarder, trop occupé de  regarder devant  soi ou d'écarter branches et mouches qui vous caressent la figure, ...

Avant  d'arriver à KREBRDJE  la  piste  devient  une  route  large  sur 2 bons  kilomètres.  Nous  sommes  entrés au  poste  vers  3 heures. Reçus par ces Messieurs,  nous prenons possession d'une  case  à 2 pieces, bien blanchie (quel luxe inconnu)   et nous allons  prendre, imités par l'administrateur,  une tasse  de  café.   Je  fais ensuite un brin  de toilette,  sans le  secours du rasoir  (car je  garde la barbe  depuis Brazzaville) et  une   promenade  dans  1e  poste en compagnie de ces Messieurs. C'est excessivement bien  tenu ici et sur une vaste étendue; la brousse a fait place à de grands jardins potagers ou aucun légume ne manque (sauf la pomme de terre de France qui ne pousse nulle part) et où poussent des fruits excellents, tels que la barbadine, la goyave, mangue, papaye, corrosol, citron etc, etc ...Il y a aussi des carrés de maïs, de mil, de manioc; une grande et jolie habitation en brique, des magasins, cuisines, cases, pavillons où logent les miliciens et leur familles, des hangars, écuries (il y a au poste 8 chevaux, bien petits, race sara, servant aux passagers qui en désirent pour continuer leurs étapes jusqu'à GRIBINGUI.
Au coucher du  soleil, la milice  en armes, mais  en costumes variés, rend les honneurs au drapeau que l'on descend de son mat .
Un clairon fait les sonneries toute la journée conmme dans une caserne . Tout marche bien  à Krebedjé. On doit y être  bien;   les Français qui y habitent  sont  de  cet  avis; ce  n'est  pas très malsain, sauf en saison des pluies. Nous y sommes en ce moment.

Mon ami  CORNUT a la fièvre aujourd'hui. Je  dîne  avec  ces messieurs; c'est toujours une  bonne  chose...Il y a quelques  jolies femmes   à Krebedjé.  Ce  sont  les  femmes  qui  font  les  corvées de  propreté au poste,  les hommes travaillent au dehors,   agrandissent la route ,  etc., etc..
Un certain NIEBE,  noir de race, fils  de  RABAH, est  prisonnier à Krebedjé. Il a été exilé loin du Tchad où son autorité, celle de Rabah, son père, tué par les français, était grande et dangereuse
Juillet.- Nous passons le 17 ici  - repos -.

Juillet.- Nous avons quitté Krebedjé  ce matin  à 8h.  J'ai  choisi  un cheval  parmi les  8 rosses de  l'écurie,   c'est  un  bai  borgne,   tout petit,  maigre.   Sans allures vives,   j'ai   fait  cette nouvelle  étape   sur  son dos.  Où est ma "bonne  jument   "Orbite"  du 9è Hussards, avec son  trot fameux.   La bonne  bête ne  pourrait  pas  d'ailleurs trotter dans la brousse  comme  elle  le  faisait   sur  le  Prado  ou la Corniche. Et  puis,  elle  la trouverait  mauvaise,   car  ici,   pas d'avoine,  pas de foin, mais du maïs, du mil et de l'herbe, Au fait,  elle est mieux au 9* avec sa bonne litière.
6 km après Krebedjé,   on  passe  un  cours d'eau  sur un pont  suspendu au moyen de  câbles retenus dans  les arbres,  un pont  fait avec des branches et  des lianes.   Il est très  solide.  Ne  pouvant  pas passer à cheval,   je donne ma bête  au  palefrenier,  un nègre, tous les  deux passent  la rivière à la nage.  Nous  sommes arrivés vers  deux heures à la POKOU.  Bon gîte,  un  Sénégalais est garde-pavillon.   Il nous vend:   poules,   oeufs,   tomates, moyennant des perles.

Notre cuisinier (un gamin noir d'une quinzaine d'années recruté à Krebedjé) nous prépare le souper. CORNUT a pris aussi un nouveau boy car hier soir, le sien a déserté, nous emportant 3 couteaux, dont un grand très joli, ma glace, 2 courroies, 1 boite de conserves et divers objets. S'il tombe dans les mains de M. l'administrateur de Krebedjé, il passera un mauvais  quart d'heure.  Sale race,  va,  et dire qu'il y a des gens qui  s'apitoyent  sur le  sort de  ces nègres qui ne nous suivent que pour nous voler.
Le cuisinier et le nouveau boy viennent avec nous parce qu'ils sont de Fort Lamy. Il a plu toute la nuit, mais nous étions bien à l'abri.
Juillet.  - Départ  à 7h.   Je  cède  le  cheval à CORNUT.   J'ai marché à pied aujourd'hui  toute la matinée;   il n'a pas fait  très  chaud, il a plu un peu. En ce cas on est mieux qu'en  "tipoye".
Nouvelle  évasion pendant l'étape;   c'est  le  tour de mon boy. C'est à n'y rien  comprendre;   je  le  laissais bien  tranquille,   je ne comprenais pas  son  charabia; de   son  côté  il ne   savait  pas le français...Il ne nous a rien volé,   car il nous a quittés pendant l'étape;   il a dû se cacher dans la brousse.  Je m'en   suis aperçu à la Grande   halte ;   J'appelais à tous  les  échos;   "Boy,  boy";personne ne me répond.CORNU rigole de tout coeur en voyant que, comme à lui, le même tour m'est arrivé.  Si  cette négraille  continue de la sorte à  se fiche de nous,  je  crois que  je  vais  devenir négrophobe ;  mais,   chut ,  car il paraît  qu'il faut aimer le noir....
Me voici donc  sans boy.   Tant  pis,   le  cuisinier cumulera  les  fonctions.
Quelques  petits marigots encore aujourd'hui,  mais  presque  tous sont munis de  petits ponts,  A 1 heure   j'aperçois  les  trois  coupleurs,  au loin,  au-dessus de moi.  Je  suis joyeux,  le poste n'est pas loin.  La côte  descendue,   la route  large  est  devant moi,   toute droite. Une  petite  demi-heure  après,   j'entre aux UNGOURRAS où je suis  reçu tout  à fait militairement:   le  sénégalais a fait ranger ses quelques miliciens et la petite  troupe me  salue. Je rends le   salut.  Je  prends ma case  propre  et   spacieuse,   CORNUT arrive quelques minutes après moi  à cheval,  même  parade.  Ces gens-là sont dressés  ici,  ça fait plaisir.   -  Mêmes victuailles portées par le  garde-pavillon et payées avec nos perles:   poules, oeufs,  patates indigènes, manioc pour nos boys, mil pour le  cheval.  - Je dîne de bon appétit.
J'enrage tout de même de n'avoir pu pendant ces étapes  décharger une fois mon  90  sur une antilope !   Je ne  réclame pas du lion ni autre animal désagréable  à rencontrer dans la brousse, mais une antilope,   ça me ferait plaisir. Enfin,  ça viendra bien,
J'achète   ce soir au Sénégalais un hamac au prix d'une brasse d'étoffe.
Je vois rentrer du travail une quinzaine de femmes , sales, le corps blanc de terre, des enfants au bras; elles sont vêtues avec la petite feuille réglementaire sur le nombril et se dirigent sous un hangar où elles vont manger et dormir. Quels vilains personnages !!. "Ce sont des femmes", me dit le Sénégalais, que j'enlève à leurs maris pendant quelques jours, parce que, ceux-ci ont fait des "couyonnades"   (sic)  c'est-à-dire   qu'ils se  sont  échappés,   étant  recrutés comme  porteurs,   ou pour travailler  à la route  ou ont commis un autre méfait. La femme  trinque,   jusqu'à ce  qu' ils viennent la rechercher;  c'est ainsi qu'on les tient".
Juillet.- Départ  des Ungourras à 6h  après un  succulent déjeuner: chocolat au  lait.   Quelle  gourmandise !   J'ai  retrouvé encore un peu de  chocolat  de  la Cie  d'Orient dans mes  cantines et   le  Sénégalais m'a vendu du lait  de  chèvre.
Après une journée  à peu près la même que la précédente,  et une étape d'environ 28km que  j'ai faite  à cheval,  au pas et pour cause nous arrivons au poste de DIKOAi  gardé par un  Sénégalais, sergent;  petit poste bien tenu, notre  case est propre. Dîner qui devient  traditionnel:  soupe avec la  poule,  oeufs,  tomates ou patates, café  Je me couche aussitôt  après,   l'étape de demain étant de  32 à 35 kilomètres,
DIKOA est  au bord d'un  ruisseau  du nom indigène de KONACBERE, affluent de la M'Béré

2l Juillet.  - Nous sommes partis  ce matin à 6 heures, C'est mon tour de "tipoye", mais j'ai marché  à pied jusqu'à ce que le  soleil soit devenu trop fort.  Je  suais dans mon  tipoye tant la chaleur était  lourde,  aussi  ai-je  renouvelé souvent l'eau de  la serviette que je porte en route sous mon casque.  Je me trouve fort  bien d'adapter ce  système;  la tête est au frais.
   Après une bonne halte,   repas avec  déjeuner froid et  toujours le même chemin (brousse) parcouru,  j'arrive en vue de NANA. De très loin,  j'aperçois le poste  car une  large route,   toute droite  et  inclinée  y aboutit.   CORNUT est  arrivé avant moi,  il  cause déjà avec deux Français;  M. TÛQUÈ, administrateur adjoint  et M. CHAMARRANDE, Commis  des affaires indigènes.   N'ous dînons avec les miliciens ce  soir. M. CHAMARRADE est ici  depuis quelques jours à peine,   remplaçant M.  HERMESSE,  mort   ces  jours-cî  d'une bilieuse hématurrique.  Que de ravages fait cette  sale fièvre;  on n' entend parler que de blancs enlevée en 5 secondes par des bilieuses !

Nana est un grand poste,  grandes habitations, plantations, maïs et manioc.   La population  indigène  qui  entoure Nana se nomme les "Manzias".  Les chefs noirs apportent  assez  régulièrement des vivres et  fournissent bien  les porteurs.   II y a à Nana une dizaine de chevaux pour les étapes, tous petits et courts du pays Sara. Nana est voisin de la rivière dont il porte le nom,  le poste est sur la KE, affluent  de la Nana .

II dépend du  cercle  de  GRIBINGUI ou Fort  Crampel où nous arriverons après demain..  Le  cercle  de  KREBEDJE  finit  où commence ce dernier,  entre  le  poste  des Ungourras et  celui  de  DEKOA.

Juillet. - Nous n'avons quitté Kana qu'à 8 heures; nos porteurs n'arrivant pas,  nous prenons 6 travailleurs du poste pour remplacer les absents. J'ai fait l'étape à cheval et j'ai bien marronné aujourd'hui d'avoir un "carcan" entre  les jambes  car la route est maintenant large,  relativement unie et débroussaillée.  Le Génie  a passé par là.  Sur tous  les marigots et  petits ruisseaux que  l'on traverse,  sont  construits des ponts  solides,   bien  établis,  permettant de  passer à cheval. Comme  j'aurais galopé  volontiers,   d'autant plus que nous avons reçu  la pluie  sur le  dos depuis notre  départ  de Nana jusqu'à lh 1/2 arrivée  aux TROIS MARIGOTS.  L'étape  est de  25 km 500. Le  poste  des  Trois Marigots est ainsi  nommé,  parce  qu'à l'entrée du  poste,  on franchit  trois petits ruisseaux parallèles. Le  plus important   se nomme  le  "Dédengué". Petit poste convenable entouré de grands arbres où j'entends chantonner dea centaines d'oiseaux et  où les 3 ruisseaux jettent une note gaie et pittoresque,  tout à la fois.  Un Sénégalais est le garde-pavillon.
Juillet. - Partis  à 5h 1/2 des Trois Marigots,  nous   sommes arrivés  à GRIBINGUI  (Fort Crampel, du nom de l'explorateur massacré à la colonie en 1891)  vers 2h.  J'ai fait  aujourd'hui toute l'étape à pied (30km) maîs je suis arrivé éreinté.  Pour la dernière étape,  je suis devenu bon  fantassin,   car je  suis arrivé avec une bonne  ampoule au  pied gauche.  Nous n'avons  fait  qu'une halte  de   5' et  la grande halte  du déjeuner. 

A  1 km du  point où avons déjeuné,   et  parallèlement  au  chemin,  coule  la NANA,   j'ai  été voir ses chutes,  l'eau  coule  avec fracas de  rocher en  rocher, sur une  longueur de  100 m environ et par moment d'une hauteur de 8 à 10 mètres;  il y a là une force motrice  importante (avis) Comme  coup d'oeil,   Je  l'ai  trouvé  magnifique.   Cinq kilomètres avant Fort Crampel, nous avons passé sur un pont suspendu dur la Nana vrai petit  chef-d'oeuvre du  Génie,  en tenant compte de la main d'oeuvre noire et du matériel rudimentaire dont dispose l'officier du Génie qui fait faire ponts et routes dans ce territoire. Nous  trouvons ici  l'administrateur M. de ROLLE,  le Docteur colonial MOREL,  un  commis affaires  indigènes et un  camarade, le Maréchal des Logis BENOIT de l'Artillerie de marine. Pas bien situé  le  poste  de Gribingui !  il  s'adosse à une  petite montagne noire  qui rappelle  un peu  les Monts  d'Auvergne,   appelée "le Bandero"    et  de   l'autre  côté,   se  trouve   limité par le   Gribingui,   grande rivière.  C'est un  fort  qui en  mérite un  peu  le nom,  car plusieurs pièces:   canons, revolvers,  et autres sont braqués,  et  les munitions  pour  l'artillerie  ne  manquent  pas.   Le malheur est que ces obus devraient être au Chari entre les mains de la batterie, et non ici en territoire civil, tranquille ; mais le moyen de les y faire transporter, voilà le hic !   Peu à peu  les munitions montent, mais, soit que le Gribingui n'est pas toujours navigable ou soit tant d'autres difficultés, elles montent  lentement,  et pourtant on se bat toujours au Chari ! ...
J'apprends ici  que  1500 Touaregs  ont encore  attaqué BIR-ALALI, 1 poste situé au N.E du lac Tchad (siège  de  2 combats déjà) ;   ils ont  été battus et  repoussés.   Le poste n'a pas d'autres détails encore.  J'ai hâte d'arriver à l'Escadron pour être un peu du bal...
Juillet. - Repos à Fort  Crampel. Forte pluie,  nous partirons demain. Je touche  15 jours de vivres avec 4 jours de  pain et  11 jours de biscuit,   pour aller jusqu'à Fort Archambault.  Nous héritons ici d'une  tente,   car on trouve extraordinaire que nous n'en  soyons pas munis.Elle nous servira pour un mois  de voyage  qui nous reste  à faire en saison de tornades.  Le docteur MOREL me donne 24 cartouches LEBEL, car dit-il, vous aurez à vous garder de  l'hippopotame,  du rhinocéros et ma foi,  peut-être aussi du lion. Mais nous n'avons qu'une  carabine  pour deux et encore grâce au chef CHAUCHOY qui me l'a donnée  à Bangui .  Et nous aurions dû être  armés à Brazzaville par les services administratifs ou à Corteaux . Nouvelle insouciance de ces Messieurs !..
 Juillet. - Nous quittons Gribingui à 11 heures,  sur une baleinière armée de 7 Yakonas pagayeurs et chargés en vivres pour Fort l'Archambault. Nous naviguons sur le  Gribingui,   grosse  rivière affluent  du  Chari, rive gauche peu  large au  départ  de Fort  Crampel.
Agréable  surprise   ce   soir. Après notre dîner dans la brousse au moment d'entrer  sous  la tente  pour nous  coucher, j'entends du bruit  dans la rivière.  Je m'approche:   c'était une  pirogue venant de Fort Crampel avec mission ds nous rattraper pour nous remettre le courrier.  Quelle Joie ! Nos lettres et  journaux sont à part,  grâce aux bons soins de notre  ami  BENOIT,  de Gribingi, qui l'a dépouillé    Ah.!  nous n'avons pas envie  de  dormir. 

Je tombe sur ces chères missives qui nous apprennent  que parents et amis se portent bien et ne m'oublient pas !J'ai eu 11 lettres à lire,  quelques  "Petits Marseillais",  une brochure. J'aurais passé la nuit si Je n'avais pas gardé un peu de  cette douce distraction pour le  lendemain.  Je me  suis endormi  très tard et  CORNUT a fait comme moi,   occupé également par son courrier.  J'ai pris possession de 8 tonnelets remplis de lettres et d'un sac de colis postaux,
Me voilà Agent des Postes.  Maintenant,  vais-je faire des heureux à Fort Archambault en arrivant avec le courrier...
Le  28,   je  couche au poste  de  FINDA,   gardé par un N'Dy, nègre d'une tribu voisine.  J'achète quelques poules,  pour ne pas en perdre l'habitude.
Trois jours après,  nouveau poste  de  LUTHO,   gardé par un N'Dy. Nouvel achat de poules et grande provision  d'haricots indigènes; c'est prudent,  parce que depuis Fort Crampel,  la région est à peu près  inhabitée,  et  très pauvre,   .Je n'ai  vu que quelques noirs les premiers jours qui viennent ramasser le poisson dans le  Gribingui,  pêche  facile,  car ils font de   grands barrages.  Aucun village  sur les rives,   parfois un pont  très curieux,  fait  de lianes,  suspendu sur  la rivière  à une hauteur de 5m environ et se balançant entre  deux arbres d'une  rive  à l'autre:  solidité contestée !   Le  3 Août,  nous  atteignons  les rapides ;  au 1er,  hommes et bagages débarquent,   les Yakomas  passent avec la baleinière vide  sans accident et  50m plus loin,   il  faut  rembarquer.
Donc,   pour  quelques mètres où d'énormes  rochers rendent  le  passage difficile,  il nous faut perdre environ deux heures pour décharger et recharger la baleinière ( avec les basses eaux) .                 '
Un second et 3ème rapides,  moins scabreux,  que nous passons sans descendre,  le  3ème surtout,  avec une rapidité extraordinaire donnée  par le  courant.  Pas d'accident.
Le 5 Août nous quittons la rivière du Gribingui pour entrer dans le CHARI.  Curieux confluent;   rive droite  le  Gribinguî  reçoit la "Soumossou", se jète aussitôt dans le Chari;  il y a donc quatre bras d'eau  à ce  confluent.  A cet  endroit,   le  CHARI  se nomme aussi Bas-Mingui.  Le  Gribingui n'atteint pas plus  de 40 mètres à sa plus grande  largeur, son cours est très sinueux ses rives très boisées offrant des abris pour passer la nuit mais tous désertés. Les hippos ne nanquent pas dans ses eaux et sur ses rives, les singes ulullent.                                                                           

Le premier poste militaire de tirailleurs réguliers, car la région civile est terminée, est à ERINA, sur le Chari, du nom d'un petit affluent du Chari, rive droite. Poste nouvellement créé, le chef de poste ne peut me vendre que 3 poules et 7 oeufs. Une panthère lui a enlevé dans la nuit du 5 au 6, 10 cabris.
Nous rencontrons sur le Chari vers 2 heures, le 7 Août, le petit vapeur "Léon Blot" de la flottille du Tchad; à bord, le Colonel DESTENAVE, et plusieurs officiers rentrant en France.
Je fais signe d'arrêter la baleiniere et me présente au Colonel. Je remets le courrier de l'Etat-Major et de tous  ces Messieurs qui avec une joie apparente fouillent les tonnelets pour prendre leurs lettres.  L'opération dure environ 1 heure, Je prends congé du Colonel qui me  serre  la main et me  souhaite  bonne  chance.
Les officiers me serrent  également la main;  je regagne ma baleinière  et  le  "Blot"  reprend  sa marche  lente,   car le  Chari n'a pas beaucoup d'eau.  Souvent  le   sable nous arrête,  Nous passons la nuit du 7 au 8 sur le fleuve, c'est-à-dire  que nous marchons toute la nuit pour arriver à Fort Archambault le 8.  Les vivres finissent aujourd'hui,  mais nous sommes  arrivés à 5h 30' devant le poste.  La sonnerie du réveil vient  jusqu'à nous sur la rivière . Nous débarquons, reçus par  quelques  sous-officiers  à peine  éveillés,   leurs boys les ayant  prévenus que  des blancs arrivaient.

Nouvelle joie  ici crée par l'arrivée du courrier.  Officiers et sous-officiers s'empressent autour des tonnelets. Le dépouillement est vite fait.
Aout  - Séjour à Fort Archambault. Joli poste,  2 pièces sont montées sur un petit fortin,  entouré d'un fossé. Un Capitaine d'infanterie coloniale, M Parayre, commande le  poste. En dehors du fort,  une vaste  place  avec  cases des tirailleurs et écuries pour une quinzaine de chevaux et un autre carré avec cases des Bandas.  Ceux-ci  sont des travailleurs  et fournissent aussi quelques auxiliaires à la  Cie des Tirailleurs II y a à Fort Archambault un  troupeau de  jolis boeufs,  des  chèvres,  les légumes:   tomates,  aubergines y viennent bien.  Je bois ici du bon  lait. Nous nous trouvons  ici  plusieurs passagers,   officiers et sous-officiers. Le 9,  part par voie de terre, une Cie de Yakomas,  commandée par le  Capitaine TRUFER,  de la légion étrangère; avec  lui, un lieutenant et un  sergent.

Tous 3 partent à cheval,  ils  ont  avec eux une  dizaine  de  boeufs porteurs.   Très original,  le départ de  cette Compagnie. Un par un,  ils  se mettent en marche,  jouant  du  tambourin et  du clairon.  Des femmes  sont montées  sur des boeufs.  Un d'entre  eux peu décidé  à partir  se débarrasse  de  la femme et  des bagages qu'il portait...   Cette  Cie revient du KANEM,  son  séjour est terminé. Elle a assisté à plusieurs opérations dans  cette  région,   principalement  aux combats de Bir Alali.
Le 10, nouveau passager,   c*est le commandant LARGEAU qui arrive en baleinière;  cet officier supérieur vient du Sénégal et vient prendre le commandement supérieur des troupes du Chari,Le ll, il passe en revue la petite garnison de Fort Archambault.
Aout. - En baleinière,le  12, je quitte Fort Archambault  avec  le  Commandant LARGEAU qui a bien voulu nous prendre CORNUT et moi,nous évitant ainsi  de longs jours de navigation en pirogue. Nous passons la première nuit sur un banc de sable,  quant  à la  seconde celle du 13 au 14, nous la passons autour d'un feu,  trempés jusqu'aux os par une violente tornade  qui dura  de minuit à 5 heures. Le Commandant subit le même sort que nous à partir de 2h,  sa tente ayant été enlevée par la violence du vent. Nous partons dès que le jour,   impatiemment attendu, paraît. Nous avions campé sur un banc de sable voisin du village de KOUNO, près du Mont Togbao siège du massacre de la mission BRETONNET.
Le champ de bataille est marqué par une grande  croix de bois que l'on aperçoit de la rivière. Le 14, nous arrivons à DAMTAR, poste sur la rive gauche du Chari, commandé par un sergent.  Le Commandant reçoit ici  la visite  du chef KQRB0LL très puissant  dans la région.  Ce beau noir,  car c'est un grand gaillard solide,  fait porter par sa suite:   cabris, miel,  ivoire,  qu'il offre au Commandant, lequel lui remet ensuite quelques présents .
Nous quittons le  5 Damtar à 5h 1/2.  Un  peu au Nord commence sur la  rive  gauche  le  territoire Allemand; la rive  droite nous appartient. Je vois aujourd'hui un troupeau de girafes près de la rive. Les principaux villages riverains sont: à gauche  MILTOU, point de   jonction  du territoire  Allemand avec  le Chari, NYOSOU, GUELAN, MAGIOU, à droite, près de  ce dernier,  nous  rencontrons une pirogue montée par le  Capitaine KLERIN,   rapatriable. Nous arrivons le  17 à BOUSSO. (Port BRETONNET)  commandé par un Capitaine. Nous séjournons dans ce poste. J'y vois des autruches, un important troupeau de boeufs.  Un grand nombre de noirs,  anciens captifs de RABAH,   les Krèches,  font  ici  d'assez bons auxiliaires tirailleurs.  Sortis de BOUSSO,  on trouve à droite les villages de MORIOU,  LAFPANA,  MAFALING, MiAN.  Le  18,   coucher au village de  BOAÏ, dans une  case que  des noirs  évacuent et dans laquelle j'enlève une multitude de poux. Ma flanelle surtout,  en était couverte.  Quelle saleté !
BOAÏ on passe  devant MALAMA à droite.   Coucher le  19 à B0LIENBIE.  Je ne vois aucun poste allemand sur la rive gauche  où il y a de rares villages.  Sur ce parcours,  le Chari continue à  avoir un cours  irrégulier avec des rives basses et même nulles. Tantôt  celles-ci  sont  élevées,  là alors  se  place un village; aux rives basses, près des bancs ds sable,  surtout pendant la saison sèche,   on voit aussi des  villages ;  ce  sont des cases de pêcheurs qui jusqu'aux hautes  eaux demeurent  là pour se  retirer alors à l'intérieur.  C'est  ici le BAGUIRMI qui se distingue par la  culture;   les noirs font  du  chanvre  et  tissent  des étoffes grossières en coton pour se  vêtir;   les femmes enploient là le rouet de  nos grand-mères.   Cetta région est par le 11°  de latitude et 13° longitude Est.
Le 20,  coucher à MANDJAFFA  (Fort de Cointet) un sergent  chef de poste et  quelques tirailleurs.
Le 21, nous passons devant BONGOUMA,  rive gauche,  BALAMASSA rive droite , KOUNDi,  rive droite,  et  couchons sur un banc de sable. Il m'est impossible ds dormir, dévoré par les moustiques et agacé par leur musique toute la nuit.  Le 22,  villages de BIALALI,   rive  gauche,  KLEMSSEM,   rive  droite.  Dans l'après-midi un vent  violent se  lève  subitement et nous  force  d'atterrir, tant les vagues menaçaient notre baleinière. Nous restons ainsi une demi -heure et nous reprenons le large. Vers 4 heures,   ce jour,  nous arrivons à Fort Lamy,  après avoir passé  devant KOUSSOURI;  village  que nous avons occupé  longtemps,  mais qui  est maintenant aux Allemands,   (rive gauche).
Août. - FORT LAMY;capitale ce n'est pas encore là que nous trouvons notre  Escadron;  il y a pourtant 4 mois et 7 jours que nous avons quitté  la France !... Fort Lamy est gardé par des tirailleurs de l'Artillerie, (il y a 3 pièces.) Le Commandant TETARD, un Capitaine d'Artillerie, un Lieutenant d'Infanterie, un docteur, un interprète, plusieurs sous-officiers d'Artillerie, d'Infanterie Coloniale sont dans ce poste. Le Commandant LARGEAU établit sa résidence à Fort Lamy. Je vois ici le monument commémoratif de la mort du Commandant LAMY et de  ses compagnons.  Le champ de bataille est en face et plus au Nord sur la rive gauche, mais le  monument a été fait sur la rive française.   II porte  l'inscription suivante: "A la mémoire du Commandant LAMY du 1° Tirailleurs et de  ses compagnons d'armes, morts au champ d'honneur, le 22 Avril 1900 pour la France et la civilisation".
Août  -  Je reste  six jours à Fort  Lamy.  Le  29 nous  sommes mis en route sur YAO, dans le Fitri ,  où réside une partie de notre Escadron.  Nous avons  comme monture les chevaux que le sellier Européen nous a amenés avec 4 spahis indigènes le 27.  Je monte un bon  cheval; nos bagages  sont amarrés  à dos de  chameaux et de boeufs et nous quittons Fort  LAMY vers  10 heures du  matin.
J'ai  touché 12 jours de vivres dont  8  jours de biscuit. Mon convoi comprend 4 spahis montés, des boys,   3 femmes de  spahis   , dont une a un mioche au  sein, 3 chameaux,  1 boeuf . Procession de Gaoui à signaler . Nous passons dans la journée au village de Gaoui, qui fut fortifié à en juger par son enceinte de murs en pisé. Ce n'est plus que ruines maintenant. Nos hommes, surpris d'entendre des cris étranges que nous expliquons bientôt: une bande de femmes et d'enfants font le tour du village en racontant des prières, s'arrêtent parfois pour se prosterner par terre, chanter des psaumes, se relèvent, repartent en courant, tels un troupeau de moutons et tout ce potin dans le but de prier "Allah" de faire pleuvoir pour faire pousser le mil...
Nous couchons ce soir à BICHARRA. Je réclame un mouton au sultan et  de  l'acidé: nourriture pour mes hommes.   Le mouton est vite tué;   le  partage  est  fait;   les animaux mangent ds  l'herbe.
Je fais donner un  peu  de mil aux chevaux.
Août. - Départ de bon matin;  ce  soir coucher dans la brousse,  près d'un marigot à eau  sale.  Le  café a une  couleur de  café au lait, tant l'eau est boueuse.
Août. - Nous traversons quelques petits marigots et couchons à ALCOLEEH.  Mouton et nourriture  assurée.   On m'apporte  des calebasses de lait ; j'étais joyeux mais c'était du lait fumé ! (leben), afin qu'il puisse  se conserver. Il est "détestable" à boire je le donne aux spahis et je demande du lait qui soit trait à l'instant même  (alib). On m'en apporte plus que je ne peux en boire. Il y a un troupeau  de chèvres; le lait ne manque pas au village.
Septembre.  - Nous traversons un village abandonné et nous couchons ce soir à AMADAM.
Septembre.  - Le 2,  coucher à SNOU.
Septembre.  - Le 3,  coucher dans la brousse près d'un marigot,  pour ne pas changer;  l'eau comme  celle de  tous les marigots  que l'on traverse vous dégoûte à première vue, mais comme les fontaines n'existent pas,  il faut boire et faire sa cuisine avec ce  qu'il y a, c'est à prendre ou à laisser.  Pour la boisson,je la coupe avec quelques gouttes d'alcool de menthe.
Septembre.  - Le 4,  nous allons coucher à MOÏTO,  village au pied d'une colline  rocailleuse. Aujourd'hui le paysage  a  changé,  nous avons quitté pendant une heure  la brousse pour  traverser une vaste plaine  où le  soleil nous grille  à volonté.  Impossible même de trotter un peu,  par rapport au convoi,  c'est  toujours au pas d'ailleurs  qu'il faut  faire nos  étapes.                         
Septembre. - Apres Moïto ,  nous longeons pendant  quelque  temps des montagnes formées d'énormes  rochers. Dans la journée,   comme tous les jours nous rencontrons dans la brousse  des antilopes,  des  gazelles,  des sangliers,  des pintades en masse.   Je n'ai  pas  encore vu le lion ni la panthère,  ça ne manque pas pourtant dans l'Afrique Centrale,  plusieurs noirs sont vêtus de la peau de ces animaux.
Nous arrivons, le soir à AB0UKTIÉ. où devant nous, à notre arrivée, tous les noirs fichent le camp dans la montagne située juste derrière le village. Nous ne trouvons que quelques femmes apeurées qui n'ont pas eu le temps de fuir; il m'est  impossible de voir un homme de toute la nuit.  Je les fais appeler par les spahis, mais aucun ne revient, un boy de spahi qui  s'était aventuré  dans la montagne reçoit, à deux pas de lui une  sagaie lancée par un noir.  II m'est  impossible  de  saisir  ces  sauvages-là qui sont embusqués derrière  les rochers, nous passons la nuit,   je mets une sentinelle. Un noir est pris,  je le fais amarrer et l'emmène le matin comme guide.
Septembre. - Le 6, nous couchons à GAMZOUZ; la réception est tout autre que la veille,  le  sultan me donne un mouton et des vivres pour les hommes.
Septembre. - Coucher dans la brousse.
Septembre. - A 10H,  arrivée à FALHE; les habitants prennent la fuite dans la montagne,  il ne reste encore que des femmes. Je demande les hommes. Les femmes me mentent en me disant que ceux-ci sont dans les champs de mil, mes spahis les ont vu fuir dans la montagne, et me préviennent. Je les fais appeler par leurs femmes,  les prévenant qu'il ne leur sera fait aucun mal et qu'ils viennent dire bonjour aux Nassaras  (blancs).  Ils s'y refusent. Je les menace alors de prendre leurs troupeaux et leurs femmes que je fais garder,  ils ne reviennent pas davantage. Exaspéré,  je donne l'ordre du départ avec un  troupeau de moutons et toutes les femmes. Derrière nous,  dans la montagne,  les hommes se montrent,  je les   fais prévenir de nouveau que s'ils ne viennent pas, j'emmène tout.        Ils n'obéissent encore pas,  voyant pourtant leurs femmes et leurs enfants ainsi que leurs troupeaux. ; Sauvages, va!--.
Je continue ma route avec tout ce monde-là;  le soir,  campement dans la brousse. Je bois du bon lait que me donnent les chèvres du troupeau;  je  réjouis mes spahis  en faisant  tuer 3 moutons. La ration est forte,  tous sont contents. Arrivent  pourtant  3 hommes du village  en  question dont le Kébir (chef).  Impossible de leur faire avouer qu'ils s'étaient sauvés à l'arrivée des blancs;  c'étaient les autres, mais pas eux naturellement .  Je  leur fais de sévères  reproches,   je  renvoie  les femmes dans leur village,   qui me remercient en  se jetant  à genoux et  en frappant plusieurs fois dans  leurs mains,  je leur rends leur troupeau dans lequel je prélève  toutefois 5 moutons pour notre nourriture et je  garde  les 3 hommes prisonniers.   Ils  me  servent  de guides  le  lendemain.
Le 9,  j'arrive à MALMET. Là, se trouvait un sultan impartant HASSEM ABSAKIM , bien vêtu; une huile,  quoi !
Il me  reçoit fort bien,  me donne 2 moutons et un chameau, et un boeuf pour remplacer 2 de mes chameaux crevés avant d'arriver à Malmet.   Je  luî  montre mes trois prisonniers  et  lui raconte l'odyssée des gens de leur village,  je lui demande de les punir;  il fait flanquer une rossée avec une solide chicotte par un de  ses homme à ces  trois sauvages dont je ne m'occupe plus.  Je les laisse au  sultan,de qui ils sont des sujets.
Je quitte  le sultan vers 7 heures.  II était venu me  saluer avant mon départ.
A II h 30'  je m'arrête à DENI où nous déjeunons. A 1h 1/2, départ sur YAO,  où nous nous arrêtons en vue du camp à la sortie du bois une heure après. Une plaine à traverser et à  3h de là, nous entrons à YAO.  Le  Capitaine, M.DANGEVILLE et  le   trompette PIN0N,   les deux seuls blancs qui restent de l'escadron nous reçoivent  mais leur joie n'est pas complète en ne voyant arriver que  deux sous-offïcîers.Ils attendaient la relève, complète avec le Capitaine, car ils ont actuellement 23 mois de séjour, font du rabiot et voudraient bien rentrer en France !
Voilà donc l'Escadron de la Cie du Chari  trouvé ; CORNUT  et moi sommes bien heureux de pouvoir enfin terminer  ce  long voyage. C'est aujourd'hui  le 145ème  jour que nous marchons.   Il nous a  fallu  cinq mois, pour arriver à notre  poste ! ! !
Je prends  possession d'une  case et  je  suis enfin  chez moi.

Pour quelque temps maintenant,   il n'y aura plus à se préoccuper tous  les matins de  se mettre  en route  et  le   soir de   chercher le campement et la nourriture.

REPOS !